Le moi(s) sans tabac

C'est une photo prise avant mon arrêt de la cigarette (lors de réglages d'appareil) mais que j'ai postée au troisième mois de mon arrêt du tabac.

Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux le savent : j'ai arrêté de fumer le 1er juillet 2022.

Ce n'était pas mon premier arrêt de la cigarette. J'avais déjà tenu un mois ou deux avec une vapoteuse car sans être particulièrement accro à la nicotine, je l'étais complètement au geste et cet accessoire était plutôt un bon moyen d'y pallier. Néanmoins, je ne voulais pas déplacer mon addiction sur un autre objet, que je trouvais ridicule qui plus est (mais ce n'est que mon avis, je respecte complètement les personnes qui vapotent et surtout, je trouve ça tout de même positif si ça permet d'arrêter la clope). 
Ma volonté était donc de stopper complètement : et la nicotine, et le geste.

Quand je suis tombée enceinte de Milo, j'ai immédiatement arrêté, sans aucune difficulté. Impensable pour moi de fumer en portant la vie, ça n'allait pas ensemble (encore une fois, c'est mon point de vue et ça n'engage que moi). 
J'ai arrêté un an, pendant la grossesse et les trois premiers mois de vie de mon fils. 
Bêtement, j'ai repris lors de notre voyage en Guadeloupe, comme j'avais commencé : "juste une en soirée, pour accompagner les copains qui boivent un verre". 
Je vais être honnête avec vous : même si je partais pleine de bonne volonté en Guadeloupe quand mon fils a eu trois mois (je n'avais pas peur de l'avion avec un bébé, ni même de la chaleur ou des moustiques par exemple), quelque chose en moi me disait de ne pas y aller, avant même d'avoir accouché. Je savais que j'allais me retrouver très seule, que Nico ne serait pas aussi dispo que moi (on y allait pour le mariage de nos amis dont Nico était témoin et maître de cérémonie), que tous les invités seraient dans un état d'esprit hyper festif et que moi, avec mon premier bébé de trois mois, ça allait être très différent et un peu difficile de m'intégrer. L'apéro du soir une fois que Milo dormait, c'était mon seul moment dans le même délire que les autres : je lâchais mon rôle de maman, je m'accordais un verre ou deux et une ou deux clopes. Sauf que non seulement, ça ne m'a pas permis de sortir de cet isolement que je ressentais mais en plus, ça m'a replongée dans la cigarette même en rentrant de vacances.

Comme j'ai allaité mon fils presque onze mois, j'ai fumé en même temps et j'ai encore plus culpabilisé de fumer. Et ce, même si c'est "moins grave" qu'en étant enceinte, "moins grave" que de lui imposer un tabagisme passif, "moins grave" parce que je respectais des délais entre la clope et la tétée, ... 
Il n'empêche que je trouvais ça naze de fumer, surtout après un an sans tabac.

Pourtant, j'ai continué.
Pourquoi ? Parce que ça reste une addiction et parce que la vie de parents peut vite nous plonger dans un cercle vicieux : stress face à de nouvelles situations (enfant malade, pleurs qu'on ne comprend pas, fatigue intense, ...), laissant place à la culpabilité (c'est ma faute s'il pleure ? C'est parce que je ne produis pas assez de lait ? Oups, je n'avais pas vu qu'il avait fait caca, je suis une mauvaise mère... Je grossis le trait mais vous voyez), tout cela amenant à un besoin de décompresser en fumant une clope qui nous replonge immédiatement dans la culpabilité, avant d'être à nouveau stressée par quelque chose qu'on tente d'apaiser avec une autre clope etcetera. 
Malgré ce besoin que j'avais de fumer, ça me dégoûtais et je voulais arrêter. 
Dès lors où j'ai commencé la clope vers mes 16-17 ans, j'ai toujours été dérangée par l'odeur du tabac, je ne supportais pas ça au restaurant et j'ai été drôlement contente quand on n'a plus eu le droit de fumer à l'intérieur (idem pour les bistrot). J'avais toujours cette impression d'incommoder les autres en sentant la cigarette, odeur qui semblait prendre le dessus sur n'importe quel parfum agréable que je pouvais porter. Mais bon, j'étais jeune, je ne pensais pas forcément aux conséquences sur mon avenir, au budget que ça représentait et à la stupidité du truc : je trouvais ça tellement "cool" de fumer, comme les bombasses qu'on voit dans les films et les mauvais garçons qu'on trouve franchement plus sexy que les mecs rangés qui ne boivent pas et ne fument pas (jamais il n'y a de juste milieu dans les films et les livres, ce serait trop chiant).

Ça c'est une photo de blog prise en 2015. Quand je la regardais avant, je trouvais ma dégaine tellement cool avec cette clope en guise d'accessoire. Maintenant, quand je me vois, je pense à cette robe que je regrette d'avoir revendue ! 


Depuis ma reprise de la clope en mai 2021, je voulais arrêter. Vraiment. 
Contrairement à avant la grossesse où je n'avais jamais vraiment envisagé d'arrêter (j'avais essayé mais en me disant justement "que j'essayais", pas que j'arrêtais), là je n'en pouvais plus.

Il faut dire qu'en plus de trouver ça coûteux et inutile, je n'étais plus la seule concernée par cette addiction : il y avait mon fils et mon entourage de façon générale.

Quand je pense à la cigarette, je pense immédiatement au cancer et donc, à la mort. Je mourrais un jour, c'est un fait, mais je veux tout faire pour que ce ne soit pas de ça et c'est pour cette raison que j'élimine un maximum de facteurs qui pourraient m'amener vers cette maladie (même s'il n'y a aucune justice de ce côté, on est bien d'accord).
Je mange bio, peu de viande et beaucoup de légumes, je suis vachement à l'écoute de mon corps, je ne m'emmerde plus avec des cons (le moral, c'est important), je bois avec modération, j'essaye de ne pas manger trop gras/trop salé/trop sucré, je dors au moins 8h par jour et je me bouge le cul au moins 30 minutes quotidiennement : c'était un peu dommage de continuer à fumer en faisant attention sur plein d'autres domaines. 

Sauf qu'il fallait que je me rende à l'évidence : je n'arrivais pas à arrêter seule...

Je n'avais pas non plus envie d'essayer les patches, les gommes à la nicotine, ... je savais que mon addiction ne concernait pas vraiment la nicotine mais le geste de fumer. J'avais entendu parler de l'hypnose plusieurs fois, toujours en bien. Quand je dis "toujours en bien", ça signifie que même ceux qui n'ont pas réussi à arrêter longtemps ont pour la plupart réussi à arrêter au moins un peu. Et dans mon cas, je savais qu'il ne fallait que ça : qu'on me mette le pied à l'étrier
La suite, c'était à moi de gérer et c'était un autre travail plus personnel, un travail au quotidien.
Elle devait être là ma volonté : ne surtout pas reprendre.

J'ai trouvé la carte de visite d'une thérapeute qui pratiquait l'hypnose, on a échangé quelques messages et j'ai bloqué un rendez-vous le 1er juillet 2022. 
Je suis arrivée en avance à mon rendez-vous, j'ai attendu sur le parking et j'ai fumé 3 clopes en 20 minutes, chose que je ne fais jamais au quotidien. Enfin, je suis entrée en puant le tabac, comme si je voulais à la fois dire au revoir à mon paquet de Marlboro, m'en dégoûter au cas où ça ne fonctionnerait pas ou me rendre encore plus légitime de mettre les pieds dans son cabinet (en mode "aidez-moi, je suis vraiment accro").
Après plus d'1h30 à me questionner sur ma vie, mon rapport à la cigarette (combien j'en fumais, quelle marque, depuis quand, dans quelles circonstances j'avais commencé/repris, quel regard je portais sur la cigarette, ...), la thérapeute m'a demandé quels étaient mes vrais objectifs pour arrêter. Dans mon cas, c'était la santé (je ne voulais pas tomber malade à cause de ça), le budget (au moins 120€ par mois, ça fait un beau petit voyage chaque année), et mon fils (je ne voulais pas qu'il m'associe à la cigarette et qu'il y trouve quelque chose de réconfortant en se disant "cigarette=maman"). Il y avait plein d'autres raisons mais c'était les principales, le moteur de ma motivation.
Suite à ces échanges, j'ai été hypnotisée pendant près de 30 minutes je dirais.
Je ne me rappelle pas tout, juste la façon dont j'ai été plongée dans cet état de semi-conscience et le fait que je n'arrivais plus à bouger. J'entendais tout mais je n'étais pas capable de faire un geste ou de parler. Je n'arriverais pas vraiment à décrire tout ça et de toute façon, ce n'est pas très utile. D'autant que la méthode pour arrêter est propre à chacun (moi, l'hypnose me tentait et j'y crois).

Les premiers jours se sont passés très facilement. 
Quand j'ai sorti mon portefeuille pour régler la consultation de la thérapeute, j'ai eu un haut-le-cœur en voyant mon paquet de clopes. Il est resté dans mon sac quelques jours, avant de le donner à un SDF (je le voyais ramasser des mégots par terre et j'ai eu ce réflexe de lui donner mon paquet, allez savoir pourquoi...). 
J'ai dû résister à l'envie de fumer quand je buvais un verre d'alcool mais franchement, ça allait et ce n'était pas une horreur à vivre. De même, je ne galérais pas à m'endormir par exemple.
A contrario, je n'ai pas retrouvé une belle peau/de beaux cheveux/un souffle de marathonien, ce qui pourrait décourager mais je me rattache à d'autres motivations comme les économies que j'ai réalisées jusqu'à maintenant.

Et puis surtout, je suis fière de moi sur ce point, fière de tenir tout en sachant que rien n'est jamais gagné. 

Dernièrement, en buvant un verre ou en sortant avec des amis fumeurs, je n'ai même pas songé à fumé, je n'ai pas eu l'envie du tout. Sans juger, je parle de mon expérience pour éventuellement motiver les autres, déconstruire l'idée que c'est toujours difficile d'arrêter de fumer.
Même si ce n'est pas toujours simple pour tout le monde, ça peut l'être. N'oubliez pas que vous êtes forts et que l'envie d'arrêter est déjà un excellent motif pour arrêter. N'oubliez pas non plus que l'envie de fumer ne dure que 3 minutes dans votre cerveau et qu'il vous faut beaucoup moins de temps pour penser/passer à autre chose et balayer cette envie. N'oubliez pas non plus que votre corps est très rapidement sevré de la nicotine, ça motive.


Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me les poser ici ou en privé. Je vous répondrais avec grand plaisir.
Bon courage si vous arrêtez de fumer et surtout : bravo !

Informations utiles : je suis allée voir la thérapeute Edwige Delpierre à Baincthun (62)

Manon

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