Cette année, j'ai repris goût à la lecture.
Alors attention, je n'ai jamais été une "dévoreuse" de livres, dans le sens où quand j'étais enfant, j'avais beaucoup d'activités à l'extérieur (en plus de l'école) qui m'occupaient et de ce fait, je voyais la lecture comme "du travail en plus".
Je ne voyais pas encore ça comme un outil indispensable pour mieux maîtriser la langue française, éviter les fautes et apprendre de nouveaux mots ou encore, comme un moyen de se détendre, de s'évader et d'apprendre.
A la fin de l'adolescence, quand on commence à rêver davantage et à se poser des questions, j'y ai trouvé mon compte avec les poignants livres "Moi Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée" ou "L'herbe bleue" (j'en passe et des meilleurs).
Lorsque je suis tombée enceinte en mai 2020, il m'était impossible de lire. Je souffrais de vomissements sévères, accompagnés de maux de tête et d'une fatigue impressionnante, ce qui ne matchait pas très bien avec le fait de lire.
Une fois que Milo est né, en même temps que
notre bibliothèque (joli hasard), j'ai repris la lecture. Ça allait beaucoup mieux avec l'allaitement que de zoner sur mon téléphone. J'avais envie de calme, d'une activité saine à faire en intérieur, la lecture était parfaite pour cela. Et puis, avec le congé parental et le peu de moyens qu'on a dans cette situation, il me fallait une activité peu coûteuse pour l'automne-hiver.
Depuis sa naissance en février 2021, j'ai lu 10 livres (11 en réalité mais le temps que je commence cet article et que je le termine, deux semaines se sont passées). Je trouve que le rythme d'un livre par mois me va bien : il me laisse le temps de travailler, de regarder aussi des films ou séries avec Nico et de m'occuper de mon fils. En cherchant un article sympa à vous publier dernièrement, je me suis dit que ce serait bien de partager ces livres avec vous. C'est le genre d'articles sur lequel j'aime tomber et qui me donne toujours des idées. Vous allez voir, il y en a pour tous les goûts et c'est très mixte !
1/ Comment ne pas devenir une marâtre de Fiona Schmidt
J'ai acheté ce livre car j'adore le travail de Fiona Schmidt (et parce que je suis moi-même belle-mère donc j'avais envie d'en savoir plus à travers des études qui traitent sérieusement du sujet). J'aime son approche du féminisme qui est toujours positive, non agressive et extrêmement intelligente sans jamais être haineuse. Dans ses publications sur les réseaux sociaux (où elle est très active), elle partage autant son analyse de l'actualité que ses expériences personnelles (le fait de ne pas vouloir d'enfant, tout comme celui d'être une belle-mère). Son dernier livre Comment ne pas devenir une marâtre, guide féministe de la famille recomposée est surtout un ouvrage qui dénonce l'image horrible dont souffrent les femmes qui deviennent belles-mères. On y apprend l'étymologie du terme "marâtre", on fait le parallèle entre les belles-mères de la culture populaire (Disney comme la littérature internationale n'épargnent jamais les belles-mères et les femmes en général...) et celles d'aujourd'hui. En tout cas, c'est un livre qui m'a autant rassurée qu'il m'a fait peur, dans la mesure où les nombreux témoignages vont dans le même sens : on fiche la paix aux beaux-pères mais les belles-mères ont toujours mauvaise presse, c'est prouvé (elles sont jugées responsables de la séparation des parents alors que la réalité est bien différente, elles sont mal reçues par la famille du père, cataloguées de femmes intéressées ou autre, ...) ! Un ouvrage très documenté, riche en témoignages et en données socio-culturelles mais surtout, une très belle plume qui met le doigt sur un vrai problème. Bref, un livre à mettre entre de nombreuses mains de pères de famille car finalement, c'est aussi par eux que la place de la belle-mère se crée.
2/ Fille-Garçon même éducation de Pihla Hintikka et Elisa Rigoulet
C'est un livre que j'ai commandé à ma libraire lorsque Milo est né. Je suis une femme, je venais d'être maman d'un petit garçon et pendant la grossesse, j'avais eu peur d'attendre un garçon car je me disais que je n'arriverais pas à le comprendre (je me suis ravisée quand j'ai appris que c'était un garçon et que ça relevait d'un besoin de me projeter). Toujours est-il que l'égalité homme-femme est un de mes combats, même si ce n'est pas mon cheval de bataille sur les réseaux sociaux. Disons que lors des repas de famille ou des débats avec l'entourage, je ne peux pas tolérer qu'on rabaisse une personne en fonction de son genre, de son orientation sexuelle ou de son apparence. J'ai aussi tendance à prendre la mouche lorsqu'une personne me fait comprendre qu'elle n'en a rien à faire de l'écologie mais ça, c'est un autre sujet. Bref, ce livre m'a permis à la fois de me rassurer sur un tas de sujets dont j'étais intimement convaincue mais qu'il est toujours bon de lire : le fait que oui, il était important d'élever son petit garçon comme on élèverait sa petite fille, que Rose peut aimer bricoler avec papa et Simon peut aimer faire de la danse, que le portage est très positif pour l'enfant et que ça n'en fait pas un être capricieux et diabolique d'être souvent à bras (c'est d'ailleurs un acte très naturel pratiqué par de nombreux animaux), ... Ce livre vise aussi à déconstruire les préjugés en matière de genres : "les filles sont bavardes/fragiles" vs "les garçons sont forts/turbulents" qui restent très ancrés dans la société et qui vont de paire avec d'autres préjugés aux conséquences lourdes comme "je ne peux pas confier ce poste à responsabilités à une femme, elle est trop fragile" ou "il fait de la danse ? C'est une pédale". Même si le sujet de l'égalité hommes-femmes est relativement récent, que l'on manque de recul sur certaines études sur les enfants et le sujet du genre, le livre est écrit par une française et une finlandaise et au moins, en complément des témoignages, on se rend compte du retard qu'à la France au niveau de l'égalité... Un excellent ouvrage facile à lire et indispensable en devenant parents !
3/ Tu seras un homme féministe mon fils ! d'Aurélia Blanc
Je continue dans ma série "éducation et égalité des sexes" avec ce livre que j'avais commandé en même temps que
Fille-garçon même éducation. Pour le coup, il concerne davantage les parents de garçon, même si je le recommande à tout le monde. C'est un ouvrage qui va forcément éduquer ceux qui le lisent parce qu'on y apprend que le pouvoir est à l'origine du sexisme, que militer pour l'égalité est d'une grande importance pour l'avenir des Hommes et de la planète, que c'est un travail quotidien et que même si l'on est féministe et "pro égalité", on a forcément des idées toutes faites sur les femmes et les hommes. En tout cas, et j'en avais déjà parlé dans
ce post Instagram, le féminisme passe évidemment par les petits garçons, dès leur naissance. C'est à eux qu'il faut apprendre le respect des femmes, insister sur le fait qu'on vaille autant peu importe notre genre, que jouer à la poupée n'a rien de nul et jouer aux soldats n'est pas une obligation. De même, il faut leur parler des "trucs de filles" pour ne pas qu'ils se retrouvent en incompréhension totale devant les femmes, leur parler du consentement, ...
C'est un ouvrage qui traite de ces sujets et de la manière dont on peut les aborder avec son enfant et son conjoint. Il se lit en plusieurs fois pour rester plaisant.
4/ Le fils de l'homme de Jean-Baptiste Del Amo
J'ai acheté ce roman chez ma libraire en ayant un vrai coup de cœur pour la quatrième de couverture. Le sujet de la violence transmise d'une génération à l'autre m'a parlé immédiatement. L'auteur commence son œuvre avec un chapitre qui se déroule à la préhistoire, on suit la vie d'un groupe d'hommes et de femmes et ça s'achève sur une scène de chasse, mettant en avant le lien et le rituel entre le père et le fils. La suite, qui se passe probablement dans les années 80-90, on comprend rapidement que c'est un père qui revient dans la vie de son fils et de sa mère après une longue absence. Il les emmène là où son propre père vivait, dans un lieu isolé en pleine montagne. On sent vite que quelque chose ne va pas avec cet homme. Les personnages n'ont pas de nom, c'est "le père", "la mère", "le fils", il y a énormément de descriptions et de mots que je ne connaissais pas mais ça ne m'a pas empêchée d'être absorbée par l'histoire et de faire mes petites recherches pour comprendre certains sens. Il y a énormément de détails, c'est sombre mais captivant et l'auteur a une façon de voir les choses qui fait écho en moi. J'aime son analyse des Hommes, des rapports humains difficiles et différents, son interprétation des rêves, la façon dont il nous fait ressentir à la fois l'isolement, la violence, la chute. La fin ne pouvait pas être mieux, ce roman est parfait en tout point ! Je crois pouvoir dire que c'est non seulement mon coup de cœur de l'année, mais aussi mon deuxième roman préféré depuis que je sais lire.
5/ Les choses humaines de Karine Tuil
Karine Tuil est une écrivaine que je ne connaissais pas et c'est une excellente découverte qui me donne envie de lire d'autres livres d'elle ! C'est une copine de la fille de Nico qui me l'a prêté et je dois dire qu'elle a du goût ! C'est un roman en deux parties : la présentation des personnages et de leur situation, puis le procès de l'un d'eux. Le thème est très actuel et intemporel puisqu'il s'agit d'une affaire de viol qui vient faire voler en éclats la vie d'un grand nombre de personnages. C'est très bien écrit, tout en étant facile à lire. C'est aussi une leçon de vie et de morale qui prouve qu'une affaire qui ne semble concerner que l'intimité de deux personnes, a des répercutions sur un tas d'autres. Je ne vous en dis pas plus, si ce n'est que je vous conseille de le lire.
6/ Les enfants sont rois de Delphine de Vigan
Au-delà du fait que ce roman ait beaucoup fait parler de lui cette année, j'avais envie de le lire pour compléter mon
podcast sur le sujet "montrer ses enfants sur internet". Certes, il s'agit d'un roman mais qui traite d'un vrai sujet de société, à travers une enquête : la fille de Mélanie, influenceuse qui expose ses enfants sur internet à outrance, est enlevée. Le roman décrit à la fois le quotidien de l'influenceuse et ses enfants, l'enquête évidemment mais aussi les conséquences de cette surexposition avec une projection dans le futur qui n'est pas des plus réjouissantes. Une écriture "simple" mais une réflexion très éclairée qui amène forcément à se questionner.
7/ Les morts ne nous aiment plus de Philippe Grimbert
Le sujet me plaisait énormément : celui du deuil et de la façon dont les nouvelles technologies peuvent aider à le surmonter. Même si on est pris dans l'histoire, qu'on s'attache aux personnages et qu'on a envie de connaître l'issue, je suis un peu restée sur ma faim. J'ai trouvé que l'épisode 1 de la deuxième saison de Black Mirror "Bientôt de retour" allait beaucoup plus loin sur le même sujet (celui de faire "revivre" les morts grâce aux nouvelles technologies). Néanmoins, le roman a le mérite de traiter ça sous un angle intéressant et de dénoncer ce nouveau commerce qui existe réellement, qui prend de plus en plus d'ampleur sans qu'on n'en mesure encore les conséquences. Et puis, c'est agréable à lire. De cet écrivain, vous connaissez peut-être Un Secret qui a été adapté à l'écran avec Patrick Bruel.
8/ Les petits enfants du siècle de Christiane Rochefort
C'est ma mère qui m'a prêtée ce roman, me disant qu'elle l'avait lu plus jeune et qu'il l'avait marqué. Au début, j'avais un peu de mal à rentrer dedans car c'est écrit "comme une adolescente des années 60 qui parle". Au fur et à mesure, c'est ce qui fait aussi le charme du roman et qui aide à dresser le tableau de cette ado qui grandit dans l'une des premières cité HLM de banlieue parisienne, au milieu des ses petits frères et sœurs dont elle s'occupe encore plus que ne le fait leur mère, recevant peu d'amour et peu de répit, hormis à l'école qu'elle ne pourra pas poursuivre après 15 ans. Quel avenir pour elle ? Comment s'épanouir dans un paysage bétonné et où la culture n'a pas sa place ? Un problème nait dans les années 60 et qui perdure aujourd'hui. C'est encore très actuel et ça dénonce le cercle vicieux dans lequel sont embourbées des milliers de personnes qui vivent dans ces conditions.
9/ Sérotonine de Michel Houellebecq
C'est Nico qui avait acheté ce roman et je lui ai emprunté au retour de Guadeloupe. Je n'avais lu qu'un livre de Michel Houellebecq, sûrement un peu trop jeune pour l'apprécier (je ne l'ai d'ailleurs pas terminé et je tente pour la troisième fois de le lire en ce moment). Celui-ci, je l'ai dévoré et adoré. Même s'il suit la vie d'un homme haut placé au ministère de l'agriculture, on s'identifie facilement à lui à travers sa solitude et sa dépression. Houellebecq est fort pour décrire la société et ses côtés sales, on arrive aisément à comprendre pourquoi son personnage déraille et change de vie. C'est une excellente œuvre qui dénonce la méprise de notre gouvernement pour ses agriculteurs mais aussi, je trouve, pour une grande partie de ses citoyens. J'ai deux autres romans de l'auteur à la maison, je pense que je les lirais tous les deux cet hiver. C'est mon deuxième coup de cœur parmi les livres que je vous présente aujourd'hui.
10/ Un homme accidentel de Philippe Besson
Prêté par ma mère également, ce roman policier est aussi une histoire d'amour entre deux hommes, réunis par la mort d'une personne. Un roman intense qui nous montre la fragilité d'une relation, la beauté du hasard mais aussi, à quel point il peut tout détruire. Une fin inéluctable, même si l'on espère secrètement le revirement de situation jusqu'au dernier chapitre. L'auteur nous plonge dans le Los Angeles des années 90 et même s'il ne pousse pas les descriptions comme Emile Zola, on visualise tout très facilement !
Voilà pour mes 10 dernières lectures. Je suis déjà en train de vous préparer mon prochain article mais surtout, plein de nouveautés ! Je n'ai plus envie de laisser traîner des articles en brouillon et ça fait des mois que j'en ai commencé certains, il est donc temps je me bouge pour les illustrer et les publier 😊
D'autant que la période des fêtes approche, vous allez avoir un peu de temps pour lire (ou pas) !
Bonne journée à tous !
Manon
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Sachez que même si ça me prend une semaine, je réponds toujours aux questions posées dans les commentaires.