Covid-19 / Journal de confinement - jour #4

"En ces dures journées de confinement, elle réapprit tant bien que mal à faire la chandelle, tout en admirant sa manucure réalisée avant l'apocalypse"

Hier, la soirée avait un peu mal débutée car j'ai eu confirmation que le meilleur ami de mon père avait le Covid-19. Ça m'a mis une petite claque dans la gueule parce que là, quand on voit déjà le nombre de morts que cette merde fait en ce moment (un chiffre qui grimpe de façon quasi exponentielle), et qu'en plus ça touche à quelqu'un qu'on aime, ça rend tout ça beaucoup plus concret et sérieux (et personnel). J'ai été un peu plus rassurée quand j'ai su qu'il n'avait pas besoin d'aller à l'hôpital...
Heureusement, la soirée s'est bien terminée.
Pour tout vous avouer, j'ai cédé à l'appel de la bouteille de Gamay.
Il était un peu jeune, mais franchement : on s'en fout, non ? 
Peu importe le vin, pourvu qu'on soit bourré !

Vendredi 20 mars 2020

Aujourd'hui, c'était une journée un peu spéciale car je suis sortie de chez moi pour aller travailler.
C'est la première fois que je sortais et tout le chemin vers mon travail était comme pour aller à l'échafaud. C'était glauque, vide, avec une ambiance post-apocalyptique (n'ayons pas peur des mots) et je n'avais pas du tout envie d'y aller en plus...

Au moment de partir, je veux imprimer mon attestation de déplacement dérogatoire (ça fait tellement "The Handmaid's Tale" d'avoir besoin d'un papier pour sortir de chez soi). Forcément, l'imprimante n'a pas envie de coopérer (la pute). Hier pour Nico, elle a très bien fonctionné (pute pute pute) mais qu'importe, je décide de ne pas le prendre personnellement.
Je prends un stylo, que je ne désinfecte pas (punk's not dead) et je rédige tout ça moi-même, avec une écriture aussi illisible que celle d'un médecin généraliste. Je me dis que si je me fais arrêter, ça leur fera les pieds (ou la bite).

Comme je vous disais plus haut, il n'y a personne sur la route pour me rendre au boulot, si ce n'est deux pigeons que j'ai failli percuter car ils étaient trop long à s'envoler. La nature reprend ses droits mais il faut croire que les pigeons sont toujours aussi cons.

Je repense au fou rire que j'ai eu avec Nico hier soir dans le lit après avoir bu la bouteille de Gamay. On a pensé faire une parodie de "1 gars, une fille" mais avec "chouchou et loulou" complètement bourrés. Du coup, ça s'appellerait "joujou et glouglou", on jouerait des scènes de la vie quotidienne mais torchés. On a enregistré l'idée pour pouvoir le faire un jour. Je dis ça parce qu'il nous arrive très souvent de faire des parodies et d'être, je pense, très drôles, sans toutefois aller au bout du projet.
Alors qu'en ce moment, on voit passer énormément de vidéos, montages, stories et photos très drôles que les gens ont le temps de faire chez eux parce qu'ils s'emmerdent. Je trouve que cet ennui est source de créativité et d'humour, c'est vraiment le bon côté de la situation. Je suis certaine que des talents vont émerger. Hier par exemple, on a vu un mec jouer un air de Michael Jackson avec la flûte à bec de ses enfants. On sentait le désespoir, l'ennui et la débrouille dans un seul et même instant, c'était poignant.

Bon sinon, je suis allée au boulot pour un client. Heureusement que j'avais la compagnie d'un collègue ce matin mais franchement, je me suis ennuyée ferme et en plus, je n'ai pas trouvé ça responsable. Sachant que ma direction est présente, elle peut sûrement s'occuper de la boutique pour le peu de clients qui viennent et ainsi, limiter les risques en faisant venir des employés.
Mais bon, je me vois mal dire à mon patron que "non, je ne viens pas travailler. Et bon courage hein !"
Donc j'ai pris les mesures nécessaires, masques et gants au boulot pour servir la cliente, et basta.
Mon stagiaire m'a envoyé quelques messages pour savoir si "ce n'était pas trop dur au travail". Je lui ai répondu que c'était surtout "long", plus que "dur". Une fois le message envoyé, j'ai trouvé que le champ lexical était très orienté "cul", ça m'a mise un peu mal à l'aise et comme pour tout finalement, je suis passée à autre chose (et il n'a rien remarqué de toute façon).

Comme je dois tuer le temps cet après-midi au boulot, il arrive un moment où je contemple mes ongles (je vous avais prévenus hein...). Je me dis que j'ai quand même vu juste en allant chez la manucure samedi matin, juste avant le confinement. Au moins, on s'ennuie mais avec de beaux ongles et en ces temps difficiles, il n'y a pas de petites joies...
Même si je suis passée chez ma coiffeuse la semaine précédente, je demande quand même à Nico s'il se sentirait capable d'égaliser ma frange le jour où ce sera nécessaire.
À  ça, il me répond "bien sûr que oui ! Je te rappelle que j'ai eu la coupe au bol !"
Certes... 

Je me dis alors qu'il n'aurait pas remporté le même succès auprès de moi si je l'avais connu à cette époque. Mais qu'importe, pourvu qu'aujourd'hui il sache égaliser ma frange. Tout est bon à prendre en temps de guerre.

Je profite de l'ennui pour appeler ma grand-mère et savoir si elle a besoin de quelque chose car je prévois d'aller faire des courses en repartant du travail. Elle veut "du manger à poissons rouges", j'hésite à lui demander si un morceau de camembert ne ferait pas l'affaire et finalement, elle me dit que ça peut attendre. 
Je ne sais même pas où aller faire mes courses, moi qui ai déjà horreur des supermarchés d'habitude. 
Auchan ou Leclerc ? La peste ou le Choléra ? Je me demande si je dois rédiger une ou deux attestations de déplacement puisque j'effectue un premier trajet "travail-courses" et un deuxième "courses-maison".
J'opte pour un. On s'en fout, je sais, mais je me suis tellement ennuyée que je n'ai pas grand chose de plus à vous raconter.

Ah si ! J'ai fini par aller faire mes courses au Lidl de Marquise. Ils avaient tout ce qu'il fallait, le rayon PQ était bien fourni (je ne pensais jamais avoir à dire ça un jour, mais ça m'a fait vachement plaisir). L'ambiance était encore une fois très "The Handmaid's Tale", les gens restaient distants et portaient des gants, beaucoup d'autres un masque.
J'ai tout acheté en double, pour éviter de sortir trop souvent et j'ai racheté du vin & du rhum. On n'est pas des bêtes hein...

Bref, la journée était nulle. Nulle à chier.
J'espère que demain sera mieux.

Manon

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