Accouchement : Comment j'ai vécu le déclenchement ?


J'ai accouché il y a bientôt 7 mois et je suis déjà nostalgique de la grossesse je voulais, avec un peu de recul, vous parler de mon accouchement, plus précisément du fait d'avoir été déclenchée.

Je sais, je vous avais déjà parlé de mon accouchement ici mais aujourd'hui, j'avais besoin de revenir sur le cas du déclenchement car ça va sûrement apporter un peu d'aide et de soutien à quelques personnes qui seront dans le même cas que moi le jour J.


Le jour de mon terme, que s'est-il passé ?

Pour rappel, mon terme était le 12 février 2021 (et le 14 février aussi sur une autre feuille de mon dossier ah ah 😂, cas exceptionnel !). Avec Nico, nous nous sommes rendus à l'hôpital le jour de mon terme pour le contrôle de routine. De mon côté, aucun symptôme ! Je n'avais pas de contraction, j'avais une énergie incroyable et je n'ai pas perdu les eaux.

En arrivant, on contrôle le cœur du bébé, ma tension et mon urine. On voit que je fais une prééclampsie sévère, que ma tension est proche de 19, mon taux de protéine dans les urines est très élevée (18 ou 24g par litre, je ne sais plus), je n'ai plus beaucoup de liquide amniotique, on doit absolument me garder et me déclencher. 

Tout ça, vous l'aviez lu dans mon article sur le troisième trimestre de grossesse et sur mon accouchement mais je vais entrer dans les détails de ce que j'ai ressenti à ce moment précis où on m'a dit que je serais "déclenchée" : J'ai pleuré, je me suis sentie nulle de ne pas pouvoir être capable de sortir "naturellement" mon bébé, je savais que j'allais avoir mal (encore plus que sans déclenchement), que c'était mort pour l'accouchement sans péridurale que je souhaitais faire en salle nature, que j'allais peut-être même avoir une césarienne et que je n'en voulais pas. Parlons-en rapidement de la césarienne : personne ne veut de ça à la base, non ? Alors attention, loin de moi l'idée de blâmer cette méthode (qui existe pour une excellente raison : sauver la vie du bébé et de sa mère) et surtout, je ne veux en aucun cas faire culpabiliser les femmes qui ont eu une césarienne alors qu'elles souhaitaient un accouchement par voie basse mais je veux souligner que lorsqu'on nous parle de césarienne, qu'on pense à une césarienne, on n'en veut absolument pas (vrai ou pas ?)(j'ai parlé avec plein de femmes de ça, et spoiler : c'est vrai, on n'en veut pas)(hormis quelques exceptions mais ce n'est pas de ça que je parle). Donc forcément, quand ce mot est venu se greffer juste après la phrase "est-ce que mon bébé va bien ?", j'ai pleuré encore plus fort. Je précise que c'est une chose à laquelle j'ai pensé, ce n'est même pas le personnel médical qui m'en a parlé. Quand la maman de Nico a demandé par message si "on parlait de me faire une césarienne", ça en a remis une couche, me confortant dans l'idée que j'y aurais peut-être droit étant donné la situation. Donc voilà, j'étais triste, je me sentais complètement nulle, pas maître de la situation et j'étais déçue. C'est là que je me dis, heureusement que je m'étais préparée à toutes les éventualités ! 


L'équipe était géniale, ça aussi ça joue beaucoup pour se détendre et relativiser. On m'a donc parlé du ballonnet, ce dispositif mécanique qui permet d'ouvrir le col pour déclencher le travail. Ça permet d'éviter les hormones de synthèse immédiatement. Je savais ce que c'était grâce à Bliss Stories et au témoignage de Marion Gruber. C'est toujours rassurant de savoir comment quelque chose fonctionne (je trouve). C'est une gynécologue qui me l'a posé. Quand elle est entrée dans la salle, je me suis dit que c'était mon jour de malchance, carrément. C'est une gynécologue qui m'avait mal parlé lorsque j'avais fait un séjour à la maternité pendant la grossesse car j'avais eu une pyélonéphrite. Elle m'avait dit que "la grossesse n'était pas une maladie", sauf que je ne venais pas à l'hôpital parce que j'étais enceinte, je venais parce que j'avais une pyélonéphrite (mais bon... je me suis dit qu'elle avait sûrement séché les cours de bienveillance pendant ses études). Finalement, elle a été extrêmement agréable et courtoise ce jour-là. Comme quoi, elle avait quand même assisté à quelques cours (je plaisante hein, on ne peut pas toujours être au top).  Avant la pose du ballonnet, elle m'a fait une échographie pour vérifier comment mon bébé allait et s'il restait assez de liquide amniotique. Comme il était à terme, que c'était un bébé grand et costaud, il n'y en avait plus beaucoup. En tout cas, il allait bien, on pouvait poser ce ballonnet et laisser passer la nuit. 

A peine le ballonnet posé, j'ai eu des sortes de convulsions et des nausées. J'avais mal au ventre, je vomissais, j'avais tout le temps envie d'aller aux toilettes, je pleurais, je me sentais nulle, pas maître de la situation.

Nico m'a demandé pourquoi je pleurais. Je lui ai répondu (attention, c'est nul) que si on avait été au Moyen-Age, je n'aurais pas pu sortir mon bébé naturellement et que je l'aurais mis en danger. Il m'a gentiment rappelé qu'on n'était pas du tout au Moyen-Age et que dans tous les cas, on allait rencontrer notre fils demain, quoi qu'il arrive. Ça m'a immédiatement soulagée. Ça et le fait de parler avec Sandy qui faisait partie de l'équipe soignante et qu'on connaissait en privé.

La nuit est passée avec des contractions toutes les 3 ou 4 minutes. Je vivais un peu mal ces contractions car à ce stade, j'avais peur que le ballonnet ne fonctionne pas, je pensais encore à cette éventuelle césarienne (c'était donc l'une des pires nuits de ma vie, j'aurais pu avouer n'importe quel crime que je n'avais pas commis 😂), on m'a conduite au bloc obstétrical pour vérifier si le ballonnet avait fonctionné, j'ai fait la connaissance de la sage-femme qui allait m'aider à donner naissance à mon fils. 

Pendant ces quelques instants, j'ai eu un gros soulagement : ça a marché, l'équipe est chouette, on va bientôt rencontrer notre fils.

Mais je suis vite redescendue sur Terre quand on m'a parlé d'injection de Synthocinon, l'hormone de synthèse "Oxythocine" qui va permettre d'avoir plus de contractions et d'accoucher. J'ai repensé à la douleur, au fait d'être quasi obligée de faire une péridurale, au fait que ce ne soit pas naturel, ... 

J'avais déjà beaucoup de contractions mais dès qu'on a posé ma perfusion, ça s'est accentué (puissance 12 on va dire)(rien que ça). Je commençais à pousser alors que j'étais ouverte à 4 seulement, c'était plus fort que moi. J'étais accroupie par terre, je ne pensais plus à rien, à part au fait que c'était comme être constipée mais en ayant très mal en même temps 😂 (on adore les belles descriptions comme celle-ci).

Pour tout vous avouer, j'ai vraiment apprécié cette péridurale quand elle est arrivée. Je me suis dit que voilà, j'avais testé sans, que ça aurait été faisable sans déclenchement mais là, ça allait gâcher mon accouchement si je continuais à avoir mal comme ça et qu'on ne me soulageait pas un minimum. J'étais ouverte à 7, j'avais pu voir "sans péri", j'allais maintenant découvrir "avec péri".

C'est le fait d'être curieuse qui m'a fait relativiser. Bon, et le soulagement aussi, il faut le dire.

Finalement, tout s'est passé très vite. Entre le moment où je suis arrivée à l'hôpital en pensant repartir aussi vite, puis le moment où j'ai accouché, 24h se sont écoulées. En y repensant, ça semble très peu face à tout ce qui s'est passé (en vrai et dans ma tête).

Dès que mon fils était là et qu'il allait bien (comme il est resté bloqué aux épaules en sortant, avec le cordon autour du cou, il a fallu l'aider un peu pour respirer mais ça s'est très vite rétabli fort heureusement), j'ai oublié le reste, littéralement. 


Et maintenant, quel est mon sentiment ?

Maintenant, avec un peu plus de 6 mois de recul, j'avais envie d'y revenir pour vous faire part de mon ressenti : les choses ne se passent jamais comme prévu et ce n'est pas grave, même s'il faut parfois du temps pour les digérer. Par exemple, j'ai bloqué sur la césarienne car je n'aurais sûrement qu'un seul enfant, je ne voulais pas "ne pas connaître l'accouchement par voie basse", je voulais comme au quotidien, que les choses se passent de façon naturelle autant que possible. Alors que ce que je voulais vraiment, c'était avoir un enfant, qu'il aille bien et qu'on devienne une famille. Je me suis dit tout bêtement "Tu aurais préféré mettre au monde ton enfant par césarienne ou ne pas avoir d'enfant ?" et forcément, le choix était vite fait... Avec le recul, je sais très bien qu'une césarienne aurait été mal acceptée pendant quelques semaines ou quelques mois mais que j'aurais fini par la relativiser (étant donné que ce que je voulais, c'était un bébé). Bien sûr, je ne parle pas des cas de drames que certaines personnes rencontrent en ayant un bébé et qui nécessitent un suivi. Je parle du fait de relativiser, de ne pas idéaliser, de se renseigner sur toutes les éventualités pour être prête à affronter un "changement de programme" mais de ne pas hésiter à consulter si vous en avez besoin car il se peut aussi que l'accouchement soit un traumatisme (je précise que ce n'est pas mon cas et que malgré tout, j'ai adoré accoucher, vraiment). Il y a eu des moments où je ressentais une déception de ne pas avoir accouché sans péridurale. Maintenant, loin de moi cette idée d'échec. Je m'étais un peu mis ce défi en tête, je ne l'ai pas réussi car j'ai préféré soulager ma douleur pour terminer d'accoucher (on m'a fait la péridurale à  la fin, ouverte à 7, il était 11h45 si mes souvenirs sont bons, mon fils est né à 13h14). Il n'empêche que pendant près de 15h, j'ai supporté toutes ces douleurs sans péridurale et c'était bien sportif aussi. 

Je vois le bon côté des choses en me disant que ce qui m'embêtait dans la péridurale, c'était qu'elle m'empêche de ressentir suffisamment ce qui se passait. Finalement, ce que je retiens, c'est que la péridurale s'est beaucoup mieux passée que ce que j'imaginais. L'anesthésiste l'a faite très légère, je sentais tout, j'ai même eu besoin d'une anesthésie locale pour être recousue après car elle ne faisait déjà plus effet. Quant au déclenchement, il n'y a rien de grave là-dedans, heureusement que cette option existe car je ne sais pas ce qui aurait pu se produire sans elle. Je dois le dire, je suis même reconnaissante d'avoir vécu ça.


Voilà, j'avais envie d'en parler car avant d'accoucher et à l'annonce du verdict, je l'ai mal vécu. Entre un sentiment d'échec total et une perte de contrôle, c'était étrange et perturbant. Plusieurs semaines après l'accouchement, je le vivais déjà mieux mais j'y repensais souvent, sans réussir à mettre de mots sur ce que je ressentais. Ce n'est que récemment, en discutant avec quelqu'un qui redoutait ça et en la rassurant que j'ai trouvé les mots et que j'ai vu ça comme une expérience exclusivement positive.

Si vous avez des questions, que vous voulez en parler, que vous souhaitez partager votre expérience ici avec d'autres lecteurs, n'hésitez pas !

Bon week-end à tous, 

Manon

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